Les manifestants ont déclaré qu'ils défendaient « le droit à une alimentation saine et durable ».

Paris (AFP) - Deux manifestants ont lancé dimanche de la soupe au potiron sur le verre pare-balles protégeant la "Joconde" de Léonard de Vinci à Paris, réclamant le droit à "une alimentation saine et durable", ont déclaré un journaliste de l'AFP et du musée.

Cette action, qui intervient alors que les agriculteurs français manifestent à travers le pays, est la dernière d'une série d'attaques similaires contre des œuvres d'art pour exiger davantage d'actions pour protéger la planète.

Deux femmes ont jeté dimanche matin des filets de soupe à l'orange sur le verre protégeant la dame souriante des cris de la foule réunie au musée du Louvre, à Paris, selon un journaliste de l'AFP présent sur les lieux.

« Qu’est-ce qui est le plus important ? L’art ou le droit à une alimentation saine et durable », ont demandé les militants, debout devant le tableau et s’exprimant à leur tour.

« Votre système agricole est malade. Nos agriculteurs meurent au travail », ont-ils déclaré avant que le personnel de sécurité n'évacue la pièce.

Une source policière a indiqué que les deux militants avaient été arrêtés.

Le musée du Louvre a déclaré que les femmes avaient caché la soupe à la citrouille dans un thermos à café.

De petites quantités de nourriture sont autorisées à l'intérieur du musée, mais il est interdit de manger dans les salles d'exposition.

Le musée a déclaré que l'œuvre n'avait subi « aucun dommage » et que la salle abritant le chef-d'œuvre avait rouvert au public après une fermeture d'environ une heure.

- "Résistance civile" -

Un groupe appelé Riposte Alimentaire (« Contre-attaque alimentaire ») a revendiqué cette affaire.

La Joconde de Léonard de Vinci est protégée par une vitre pare-balles

Ils ont déclaré que le lancement de la soupe marquait le « début d’une campagne de résistance civile avec une demande claire… de la sécurité sociale d’une alimentation durable ».

Ils ont fait référence à une enquête menée l'année dernière auprès de 996 personnes par le groupe de sondage Ipsos, qui a révélé qu'un Français sur trois n'avait pas toujours les moyens de se permettre une alimentation saine pour trois repas par jour.

Le membre Till Van Elst a déclaré que le groupe souhaitait que l'État permette aux gens d'acheter certains produits alimentaires à des tarifs réduits grâce à une carte de sécurité sociale spécialisée. Dans le cadre de ce projet, les assemblées démocratiques choisiraient les aliments à subventionner.

"Nous voulons que les citoyens puissent vraiment décider de ce qu'il y a dans leur assiette", a-t-il déclaré à l'AFP.

La ministre de la Culture Rachida Dati a critiqué l'attaque de la soupe.

« La Joconde, en tant que notre héritage, appartient aux générations futures. Aucune cause ne peut justifier de le cibler », a-t-elle écrit sur X, anciennement Twitter.

L'action de dimanche intervient alors que les agriculteurs français manifestent depuis des jours pour exiger de meilleurs salaires, impôts et réglementations.

Le gouvernement s'efforce d'empêcher le mécontentement des travailleurs agricoles de se propager des mois avant les élections au Parlement européen, considérées comme un test clé pour le gouvernement du président Emmanuel Macron.

Le Premier ministre Gabriel Attal s'est empressé dimanche d'annoncer de nouvelles mesures alors que certains agriculteurs ont menacé de bloquer les routes menant à la capitale lundi.

- Tarte à la crème -

L'action au musée fait suite à une série de manifestations de ce type menées par des militants du climat contre des peintures de renommée mondiale pour exiger davantage d'actions pour éliminer progressivement les combustibles fossiles et prévenir le réchauffement climatique.

En octobre 2022, deux militants du groupe Just Stop Oil ont fait la une des journaux en aspergeant de la soupe aux tomates le verre protégeant les « Tournesols » de l'artiste néerlandais Vincent van Gogh à la National Gallery de Londres.

Ils se plaignaient du fait que les amateurs d’art se préoccupaient davantage de la peinture que de la planète.

La « Joconde » a déjà été attaquée à plusieurs reprises.

Un homme lui a lancé une tarte à la crème en mai 2022, affirmant également que les artistes ne se concentraient pas suffisamment sur « la planète ». Son épais boîtier en verre lui garantissait de ne subir aucun dommage.

Elle est derrière une vitre depuis qu'un Bolivien lui a lancé une pierre en décembre 1956, lui endommageant le coude gauche.

Le verre a été rendu pare-balles en 2005.

En 2009, une femme a jeté une tasse de thé vide sur le tableau, ce qui a légèrement égratigné le boîtier.