Une femme regarde un commerce endommagé dans le quartier de Solino à Port-au-Prince le 16 novembre 2024

Port-au-Prince (AFP) - La police et des groupes d'autodéfense civils ont tué 28 membres de gangs à Port-au-Prince, la capitale haïtienne, lors d'une opération nocturne, ont indiqué mardi les autorités, alors que le gouvernement cherche à reprendre un certain contrôle de la ville.

Les policiers ont arrêté un camion transportant des membres de gangs dans la banlieue aisée de Pétion-Ville vers 2 heures du matin, tandis qu'un bus transportant des membres de gangs a été intercepté dans le centre-ville, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Police nationale d'Haïti, Lionel Lazarre.

La police a ouvert le feu lors des deux affrontements, tuant 10 personnes, puis a pourchassé ceux qui avaient fui avec l'aide de groupes d'autodéfense, formés de résidents opposés aux gangs et à leur régime violent sur de larges pans du pays.

L’année dernière, dans un épisode horrible de représailles de groupes d’autodéfense, une douzaine de membres présumés de gangs ont été lapidés et brûlés vifs par des habitants de Port-au-Prince.

Des gangs lourdement armés contrôlent environ 80 % de la ville, ciblant régulièrement les civils malgré le déploiement d'une force internationale dirigée par le Kenya pour aider la police, désormais sous-armée.

- Regain de violence -

Un véhicule blindé de la police kenyane patrouille dans le quartier de Solino à Port-au-Prince le 16 novembre 2024

La capitale haïtienne a été le théâtre de nouveaux combats la semaine dernière menés par Viv Ansanm, une alliance de gangs qui a contribué en février à renverser l'ancien Premier ministre Ariel Henry.

Les rues étaient presque désertes mardi après que la police et les habitants ont érigé des barricades dans plusieurs quartiers.

Le porte-parole de Viv Ansanm, Jimmy « Barbecue » Cherisier, un chef de gang notoire, a appelé à la démission du gouvernement de transition qui dirige actuellement le pays.

« La coalition Viv Ansanm utilisera tous ses moyens pour obtenir le départ du CPT », a déclaré lundi Cherisier, utilisant l'acronyme du Conseil présidentiel de transition.

Le conseil lui-même – composé de fonctionnaires non élus chargés du mandat difficile de conduire le pays vers ses premières élections depuis 2016 – est confronté à son propre désarroi interne.

Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimewas a prêté serment la semaine dernière pour remplacer le Premier ministre sortant Garry Conille, nommé en mai mais empêtré dans une lutte de pouvoir avec le conseil.

Pendant ce temps, la violence continue de secouer la capitale.

Plus de 20 000 personnes ont été déplacées à Port-au-Prince en seulement quatre jours la semaine dernière, a averti l'Organisation internationale pour les migrations des Nations Unies ce week-end.

Le pays a perdu des liens importants avec le reste du monde la semaine dernière lorsque les États-Unis ont interdit tous les vols civils vers le pays pendant un mois, après que trois avions de ligne approchant ou partant de Port-au-Prince ont été touchés par des coups de feu.