Des épaves de voitures et des débris s'accumulent dans les rues de Paiporta

Paiporta (Espagne) (AFP) - Une paisible ville d'une des régions les plus riches d'Espagne s'est transformée jeudi en un paysage infernal couvert de boue, de bâtiments détruits, de véhicules renversés et de citoyens désemparés essayant de reconstituer leur vie.

"Nous sommes dévastés", a déclaré à l'AFP Pepi Guerrero, une habitante de Paiporta, la voix tremblante alors qu'elle faisait la queue pour obtenir de l'eau, alors que l'Espagne subit les inondations les plus meurtrières depuis des décennies.

La météo de mardi avait été assez défavorable, mais personne n'aurait pu prévoir l'assaut de l'eau trouble qui a fait des dizaines de morts dans cette ville de banlieue située à l'extérieur de la ville de Valence, à l'est du pays.

Guerrero venait de quitter le travail lorsqu'elle a vu l'eau déferler dans les rues et s'est précipitée chez elle pour sauver sa vie.

« Je suis venue en métro, mais le métro n'existe plus », raconte en larmes cette employée de ménage de 53 ans.

Les voies ferrées de Paiporta étaient suspendues en un fouillis au-dessus d'un pont, l'une des nombreuses structures et personnes emportées par les torrents furieux.

Des deux côtés de la rivière, une épaisse couche de boue recouvrait les rues, marquant le sillage de la destruction qui a ravagé la ville en un éclair.

- 'Piégé' -

« Tout s'est passé en une demi-heure », se souvient Julian Loras, un retraité de 60 ans, qui a évité de justesse les inondations en promenant son chien.

« Tous les sous-sols étaient remplis d'eau. Beaucoup de gens étaient nerveux, ils ont voulu sortir la voiture et ils sont restés coincés là », a-t-il dit, craignant que d'autres corps ne soient retrouvés.

Les habitants enlevaient la boue avec des seaux et des balais

Le temps apocalyptique a été aussi bref que brutal. Le soleil brillait de mille feux lors du passage de l'AFP jeudi, donnant à la boue une teinte plus intense.

Face à la rivière, près du centre commercial de la ville, Manuel Ciscar et sa fille tentaient de se frayer un chemin vers leur maison.

À l'intérieur du garage, les trois voitures de la famille avaient été transformées en une pyramide de débris.

Ciscar, un retraité de 76 ans, n'a reçu que des nouvelles déchirantes de la mort de connaissances depuis mardi dans la ville où il a vécu et travaillé toute sa vie.

« J'ai appris aujourd'hui deux nouveaux décès », a-t-il déclaré.

- « Notre garde était baissée » -

Aucun commerce n'a été épargné dans la rue principale. Les chaises d'une clinique dentaire étaient éparpillées, les volets étaient cabossés et tous les rez-de-chaussée étaient inoccupés.

Les habitants étaient en train de retirer la boue avec des seaux, des pelles et des balais lorsqu'un bruit aigu a soudainement retenti sur leurs téléphones portables : une alerte des services de protection civile les avertissant de ne pas emprunter la route pour libérer la voie aux véhicules de secours.

Mais beaucoup de gens à Paiporta estiment que les avertissements de ce jour fatidique sont arrivés trop tard pour les habitants sans méfiance.

Un homme utilise une pelle pour essayer de nettoyer les rues de Paiporta le 31 octobre 2024

« Personne n'a prévenu de quoi que ce soit », s'est plaint Joaquin Rigon, 21 ans. « Quand nous avons commencé à recevoir des notifications, l'eau était arrivée jusqu'ici », a-t-il dit en montrant sa ceinture.

Loras a été épargné par l'eau grâce à un appel de son fils mais il regrette lui aussi que davantage d'alertes n'aient pas été lancées.

Poussant un chariot rempli de nourriture achetée dans l'un des rares magasins ouverts dans une zone industrielle éloignée, Xisco Martinez était incapable de fournir une explication.

« L'eau ne tombait pas ici, nous étions sur nos gardes. »