Les agriculteurs de Pologne et d’ailleurs dans l’UE protestent contre les importations ukrainiennes

Bruxelles (Belgique) (AFP) - Les États membres et les législateurs de l'UE sont parvenus mercredi à un accord visant à plafonner les importations en franchise de droits d'une série de produits agricoles ukrainiens, autorisées à la suite de l'invasion russe mais qui ont suscité de vives protestations de la part des agriculteurs du pays. bloc.

L’accord renouvelle pour un an une large exemption tarifaire accordée pour la première fois en 2022, mais ajoute des « sauvegardes » pour une liste de produits, notamment le maïs, l’avoine, les œufs, la volaille, le sucre et le miel, afin d’empêcher les importations moins chères d’inonder le marché.

Le bloc de 27 pays a initialement abandonné les droits de douane sur les importations ukrainiennes dans le but d'aider à maintenir l'économie ukrainienne à flot après l'invasion du pays par son voisin.

Deux ans après le début du conflit, les agriculteurs européens se plaignent d'être confrontés à des importations moins coûteuses en provenance de producteurs ukrainiens non liés par les règles plus strictes du bloc – par exemple en matière de bien-être animal –, ce sujet alimentant les protestations de colère à travers le bloc.

En réponse à ces inquiétudes, le règlement « prévoit un frein d'urgence pour la volaille, les œufs et le sucre » ainsi que « l'avoine, le maïs, les gruaux (grains) et le miel », a indiqué le Parlement européen dans un communiqué.

Le « frein » serait utilisé pour empêcher les importations en franchise de droits de dépasser les volumes moyens de 2022 et 2023.

Le Premier ministre ukrainien Denys Shmygal, à Bruxelles pour des entretiens avec les dirigeants européens, a qualifié l'accord conclu du jour au lendemain de « très bonne décision ».

La rapporteure du Parlement européen, Sandra Kalniete, a déclaré que l'accord « renforce l'engagement continu de l'UE à se tenir aux côtés de l'Ukraine » face à l'invasion russe.

Elle a ajouté que cela « renforçait également les mesures de sauvegarde qui atténueraient la pression sur les agriculteurs de l’UE s’ils étaient submergés par une augmentation soudaine des importations ukrainiennes ».

Le blé et l'orge ne seront pas soumis à des mesures de sauvegarde à l'importation, une décision qui a déclenché une réaction de colère de la part des groupes d'agriculteurs qui ont déclaré qu'il s'agissait d'une exigence clé.

- Mécontentement des agriculteurs -

En colère contre les importations en provenance de leur voisin déchiré par la guerre, les agriculteurs polonais bloquent les points de contrôle avec l'Ukraine et ont étendu cette semaine leurs protestations à la frontière occidentale avec l'Allemagne.

Les États membres avaient approuvé le mois dernier un plan initial de la Commission européenne prévoyant des garanties plus strictes, mais le Parlement européen a ensuite demandé que les céréales et le miel soient inclus, déclenchant un nouveau cycle de négociations.

La France, en particulier, faisait pression pour plafonner le blé, et son ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a qualifié l'accord du jour au lendemain d'"insuffisant".

"Le travail continue", a-t-il déclaré. "Ce n'est pas la fin du processus."

L’accord doit encore être formellement adopté par les États membres de l’UE et par les législateurs européens réunis fin avril, en vue de son entrée en vigueur le 6 juin.

Christiane Lambert, de la puissante association d'agriculteurs européens Copa-Cogeca, a déclaré que l'accord tel quel « ne répond pas aux préoccupations des producteurs et reste donc inacceptable ».

Le Copa-Cogeca faisait également pression pour que les restrictions sur le blé en franchise de droits ainsi que pour que la période de référence des sauvegardes soient étendues à 2021 – lorsque les importations étaient plus faibles.

Le communiqué du Parlement européen indique que les législateurs « ont obtenu des engagements fermes de la part de la Commission (européenne) pour prendre des mesures en cas d'augmentation des importations ukrainiennes de blé ».

Ils avaient « également veillé à ce que la Commission agisse plus rapidement – ​​dans un délai de 14 jours au lieu de 21 jours – si les niveaux de déclenchement des sauvegardes automatiques étaient atteints ».

Faisant un autre clin d'œil aux doléances des agriculteurs, la chef de l'UE, Ursula von der Leyen, a indiqué vendredi, après des entretiens avec le dirigeant polonais Donald Tusk, que Bruxelles envisageait également de restreindre les importations agricoles russes.

Ces concessions interviennent trois mois avant les élections au Parlement européen, les sondages d'opinion faisant état d'un regain de soutien en faveur des partis d'extrême droite qui ont largement exploité le mécontentement des agriculteurs dans leurs campagnes.

Une source gouvernementale française a indiqué mardi que "des travaux sont en cours pour permettre aux produits agricoles ukrainiens de retrouver leurs marchés d'origine en Afrique et au Moyen-Orient, dont l'accès avait été quelque peu fermé par le conflit, afin qu'ils ne restent pas bloqués dans l'espace". L'Europe ".