De nombreux manifestants ont directement visé Macron, qui n'est plus au pouvoir que depuis 18 mois.

Paris (AFP) - Des manifestants français ont organisé jeudi une journée de manifestations et de grèves à l'échelle nationale pour manifester leur colère contre la politique d'austérité du président Emmanuel Macron, provoquant de nombreuses perturbations.

Les transports publics ont été paralysés, les écoles ont fermé leurs portes et des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour des manifestations marquées par des affrontements sporadiques avec la police.

Le Premier ministre Sébastien Lecornu, septième chef du gouvernement de Macron, a promis une rupture avec le passé pour tenter de désamorcer une crise politique qui s'aggrave après son entrée en fonction la semaine dernière.

Mais la nomination de l'ancien ministre de la Défense de 39 ans, proche allié de Macron, n'a pas réussi à calmer la colère des syndicats et de nombreux Français.

De nombreux manifestants ont directement visé Macron, qui n'est plus au pouvoir que depuis 18 mois et qui connaît ses pires niveaux de popularité.

Des pancartes l'exhortaient à démissionner et des manifestants à Nice, dans le sud du pays, ont jeté en l'air une effigie de Macron.

Sophie Larchet, une fonctionnaire de 60 ans, a déclaré être venue manifester à Paris à cause de Macron.

« On en a assez, il tourmente la France », a-t-elle déclaré à l'AFP.

Hervé Renard, un syndicaliste de 57 ans, en référence à l'ancien empereur de France, a ajouté : « Macron-Napoléon n'écoute personne. »

De nombreux manifestants se sont plaints du fait que les mesures d’austérité frappent plus durement les plus pauvres.

« Chaque jour, les plus riches s'enrichissent et les pauvres s'appauvrissent », a déclaré Bruno Cavalier, 64 ans, à Lyon, troisième ville de France. Il brandissait une pancarte sur laquelle on pouvait lire « Souriez, on vous taxe. »

- « Des milliers de grèves » -

Les manifestants restent indignés par le projet de budget du prédécesseur de Lecornu, François Bayrou, qui avait proposé une série de mesures qui, selon lui, permettraient d'économiser 44 milliards d'euros (52 milliards de dollars).

Même les écoliers se sont joints aux élèves pour bloquer l'accès au lycée Maurice Ravel, dans l'est parisien.

Lecornu a tenté de calmer la colère en promettant d'abolir les privilèges à vie des anciens premiers ministres et de mettre un terme à un projet largement détesté visant à supprimer deux jours fériés.

Plus de 80 000 policiers et forces de sécurité ont été déployés, appuyés par des drones, des véhicules blindés et des canons à eau.

Plus de 90 personnes ont été arrêtées.

Le ministère de l'Intérieur avait annoncé qu'entre 600 000 et 900 000 personnes devraient descendre dans la rue.

Mais le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a déclaré jeudi après-midi que les rassemblements avaient été « moins intenses que prévu » avec plus de 260 000 personnes manifestant.

Alors que les syndicats appellent à la grève dans une rare démonstration d'unité, environ un enseignant sur six dans les écoles primaires et secondaires a débrayé tandis que neuf pharmacies sur dix ont été fermées.

Les usagers du métro parisien ont été confrontés à de graves perturbations, où seules les trois lignes automatisées sans conducteur fonctionnaient normalement.

Les syndicats se sont déclarés satisfaits de l’ampleur des manifestations.

La colère s'est concentrée contre le président Emmanuel Macron

« Nous avons enregistré 260 manifestations dans toute la France », a déclaré Sophie Binet, dirigeante de la CGT, estimant la participation à plus de 400 000 personnes.

« Il y a des milliers et des milliers de grèves sur tous les lieux de travail. »

- 'En avoir marre' -

À Paris et à Marseille, la police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les premières manifestations non autorisées. À Marseille, un journaliste de l'AFPTV a filmé un policier donnant un coup de pied à un manifestant à terre, bien que la police ait déclaré avoir été confrontée à des manifestants « hostiles ».

A Lyon, un journaliste de France TV et un policier ont été blessés lors d'affrontements entre la police et un groupe de jeunes masqués en tête du rassemblement.

Dans la banlieue de Lille, au nord du pays, des manifestants ont pris part tôt le matin à une action menée par les syndicats pour bloquer les dépôts de bus.

« On en a marre d'être taxés comme des fous », s'indigne Samuel Gaillard, chauffeur de camion poubelle de 58 ans.

Les responsables ont déclaré qu'ils s'attendaient à ce que l'action de jeudi soit la journée de manifestations dirigées par les syndicats la plus suivie depuis 2023.

Même des écoliers se sont joints aux élèves pour bloquer l'accès au lycée Maurice Ravel, dans l'est parisien, en brandissant des slogans tels que « bloquez votre école contre l'austérité ».

Les responsables ont déclaré qu'ils s'attendaient à ce que l'action de jeudi soit la journée de protestations et de grèves menées par les syndicats la plus suivie depuis une mobilisation de plusieurs mois début 2023 contre le relèvement de l'âge de la retraite largement décrié par Macron, que le gouvernement a fait passer en force au Parlement sans vote.