L'incendie s'est déclaré avant l'aube, ravageant l'hôtel Grand Kartal près de la ville de Bolu, au nord-ouest du pays.

Kartalkaya (Turquie) (AFP) - La Turquie s'apprêtait mercredi à enterrer ses morts au lendemain d'un gigantesque incendie qui a fait 76 morts dans un hôtel d'une station de ski, alors que les questions se posaient sur les mesures de sécurité dans l'établissement de luxe.

Alors que la nation observait une journée de deuil, des dizaines de familles se préparaient à enterrer leurs proches morts dans l'incendie qui a ravagé l'hôtel de 12 étages.

Mais à côté du chagrin, il y avait de la colère, de nombreux journaux publiant des allégations de négligence à l'hôtel situé au sommet de la montagne à Kartalkaya, à environ deux heures au nord-ouest d'Ankara.

« Ce n'est pas l'incendie mais la négligence qui est responsable de tant de morts », a déclaré le journal pro-gouvernemental Hurriyet.

L'incendie, qui s'est déclaré au milieu de la nuit, a frappé en pleine saison pour l'hôtel Grand Kartal, qui comptait 238 clients au début d'une pause hivernale de deux semaines.

Plus de 30 personnes restaient hospitalisées mercredi, dont une en soins intensifs, ont indiqué les autorités.

Par une matinée glaciale et brumeuse, avec les drapeaux en berne, les sauveteurs ont repris mercredi leurs recherches sur la structure carbonisée et noircie, où, selon les médias turcs, des familles entières étaient mortes.

Parmi les personnes qui devaient être enterrées mercredi figuraient un neurologue, sa femme et leurs trois enfants, dont des jumeaux.

- « Profondément troublant » -

L'incendie s'est déclaré vers 3h30 du matin (00h30 GMT), envoyant d'énormes nuages ​​de fumée dans l'air nocturne et provoquant la panique parmi les invités, dont beaucoup ont tenté de sortir par les fenêtres, en utilisant des draps comme cordes.

De nombreux journaux ont exprimé leur colère face à ce qu'ils considèrent comme une preuve de négligence dans l'hôtel de luxe Grand Kartal de 12 étages.

« J'ai vu un enfant pendu à la fenêtre de l'hôtel et appelant à l'aide », a déclaré Islam, qui travaille dans un hôtel voisin et n'a pas donné son nom de famille.

« J'ai été profondément bouleversé. Je n'arrive toujours pas à oublier cette image », a-t-il déclaré à l'AFP, précisant connaître certains membres du personnel de l'hôtel décédés.

Mardi soir, les enquêteurs avaient identifié 52 morts et rendu 45 corps à leurs familles pour être enterrés, a déclaré le ministre de l'Intérieur Ali Yerlikaya.

Le président Recep Tayyip Erdogan devait assister aux funérailles de sept membres de la famille d'un responsable local du parti au pouvoir, l'AKP, dans la ville voisine de Bolu.

Yerlikaya a déclaré que neuf personnes, dont le propriétaire, avaient été arrêtées en lien avec l'incendie, et que les enquêteurs cherchaient à déterminer la cause de l'incendie, une éventuelle négligence et les responsables.

S'adressant aux médias turcs mardi, plusieurs invités ont déclaré qu'aucune alarme incendie ni détecteur de fumée n'avait retenti et qu'il n'y avait aucune issue de secours.

« Aucune alarme incendie ne s'est déclenchée... et il n'y avait pas d'issue de secours », a déclaré Atakan Yelkovan à l'agence de presse IHA, précisant qu'il avait fallu « entre une heure et une heure et demie » aux pompiers pour arriver.

Mais le ministre du Tourisme, Nuri Ersoy, a déclaré que l'hôtel disposait de deux issues de secours et avait passé avec succès les inspections « en 2021 et 2024 ».

« Aucun problème lié à la sécurité incendie n'a été signalé par les pompiers », a-t-il déclaré mardi.