"Les policiers sont en colère", pouvait-on lire jeudi sur une banderole lors d'une manifestation à Strasbourg.

Paris (AFP) - Des centaines de policiers ont manifesté jeudi dans toute la France pour réclamer un salaire supplémentaire lors des Jeux olympiques de Paris de cette année, soulignant la menace de grèves et de perturbations des Jeux.

Conscientes du risque pour l'image du pays, les autorités françaises s'efforcent de conclure des accords salariaux avec une multitude de syndicats du secteur public qui réclament des primes pour le travail effectué pendant les Jeux olympiques du 26 juillet au 11 août.

A Paris, plusieurs centaines de policiers se sont rassemblés près de la préfecture de police.

« Les Jeux olympiques se feront sans nous », scandaient les manifestants, brandissant des drapeaux et des banderoles.

Fabien Vanhemelryck, président du syndicat Alliance, a prévenu que les manifestations « ne feraient que commencer » si les autorités ne répondaient pas à leurs revendications.

« Si nous n'obtenons pas la reconnaissance que nous méritons pour notre investissement, nous n'y arriverons pas ».

Plusieurs syndicats de police avaient exhorté les policiers à faire preuve d'un « minimum d'activité » lors de ce que l'on appelle le « Jeudi noir » des manifestations.

"A événement exceptionnel, mesures exceptionnelles", a écrit Alliance dans un communiqué expliquant comment les syndicats voulaient jusqu'à 2 000 euros (2 200 dollars) pour leurs membres en compensation des vacances perdues et du travail supplémentaire pendant les Jeux d'été.

A Strasbourg, une quarantaine de policiers se sont rassemblés malgré une pluie battante, perturbant la circulation à l'entrée du pont de l'Europe reliant la France à l'Allemagne.

"Nous savons seulement que tout le monde a été invité à travailler", a déclaré le dirigeant Lionel Maunier, dirigeant syndical régional de l'Alliance.

« Mais nous avons des enfants, certains d'entre nous sont également soignants. Nous ne savons pas comment nous allons gérer.

A l'aéroport de Paris Charles-de-Gaulle, la police s'est mise en grève en début de journée, obligeant les passagers à attendre une heure supplémentaire, selon une source aéroportuaire.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a rencontré lundi des représentants de la police et dispose d'un fonds pour les Jeux d'environ 500 millions d'euros, ont indiqué à l'AFP des sources proches des négociations sous couvert d'anonymat.

La manifestation de jeudi est la deuxième journée d'action de la police ce mois-ci.

La France compte sur ses premiers Jeux olympiques depuis 100 ans pour mettre en valeur le meilleur du pays, depuis les monuments historiques de Paris jusqu'à son rôle de centre mondial d'excellence en matière d'alimentation, de mode et de sport.

Les organisateurs cherchent désespérément à éviter de renforcer la réputation de la France en matière de manifestations de rue violentes et de conflits du travail.

Le pays a été secoué par les manifestations antigouvernementales des « Gilets jaunes » en 2018, par des grèves massives contre la réforme des retraites l’année dernière, ainsi que par des émeutes urbaines en juin.

"Les JO sont une arme à double tranchant pour l'image d'un pays", explique à l'AFP Philippe Moreau Chevrolet, expert en communication et fondateur de l'agence parisienne MCBG Conseil PR.

Un problème de sécurité majeur ou une perturbation peut anéantir tous les avantages d’être hôte, a-t-il expliqué.

"Les grèves, les émeutes et les Gilets jaunes ont créé une mauvaise image de la destination France", a-t-il ajouté.

- 'Dialogue' -

Des négociations salariales sont en cours entre les autorités françaises et les personnels de santé, les chauffeurs des métros, trains et bus parisiens, ainsi que les employés municipaux comme les balayeurs.

Les vacances pendant les Jeux ont été interdites à de nombreux employés de l'État, tandis que des dizaines de milliers d'entre eux devront travailler davantage le week-end et tard le soir.

"Cela est traité ministère par ministère, en tenant compte du statut et des exigences de chaque profession", a déclaré mercredi Michel Cadot, qui dirige la commission gouvernementale de coordination des Jeux, lors d'une audition au Sénat.

"Nous surveillons de près la situation pour garantir que tout cela soit réglé par le dialogue", a ajouté Cadot.

Il a déclaré lors de l'audience que le budget global des Jeux restait inconnu, en partie parce que le gouvernement ne pouvait pas prévoir combien il devrait dépenser en primes pour les travailleurs du secteur public.

Les contrôleurs aériens militants du pays ont déclaré une « trêve » en septembre dans leur lutte pour des salaires plus élevés jusqu'après les Jeux olympiques, ce qui a conduit à des accusations de la part d'un ancien ministre du Travail selon lesquelles le gouvernement avait « payé une rançon » pour éviter le chaos des voyages.

Environ 30 000 policiers sont attendus pendant les Jeux, qui se dérouleront au plus fort de la période des vacances d'été en France.

Mercredi, le syndicat d'extrême gauche CGT a manifesté devant le siège du comité d'organisation des JO, dans le nord de Paris, pour dénoncer la décision du gouvernement de suspendre certains droits des travailleurs pendant les Jeux.

A moins que le gouvernement ne revienne sur son décret, "nous lancerons des opérations à fort impact pendant les Jeux", a déclaré Amar Lagha, chef de la branche CGT représentant les services du secteur privé et les travailleurs du commerce de détail.

Les Jeux paralympiques se déroulent après les Jeux olympiques du 28 août au 8 septembre.

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