Le président français Emmanuel Macron a reçu une réponse prudente de l'opposition à son appel au "compromis"

Paris (AFP) - La France a risqué jeudi une impasse politique prolongée après que les partis d'opposition ont réservé un accueil glacial à l'appel du président Emmanuel Macron à des "compromis" pour maintenir la France gouvernable après des élections législatives indécises.

Macron a fait son plaidoyer dans une adresse à la nation mercredi soir après avoir échoué à conserver une majorité au parlement, un revers qui menace de paralyser sa capacité à mener à bien ses réformes prévues.

Son alliance centriste a terminé les élections législatives de dimanche avec 44 sièges de moins qu'une majorité à l'Assemblée nationale, alors qu'une nouvelle coalition de gauche et l'extrême droite ont réalisé des gains importants.

La situation sape les plans de réforme de Macron pour son deuxième mandat après sa réélection présidentielle en avril – y compris une mesure clé pour relever l'âge de la retraite – et risque de nuire à sa stature internationale.

Rompant trois jours de silence au lendemain des élections, Macron a exclu un gouvernement d'union nationale mais s'est montré optimiste sur les chances de progrès, même s'il n'a proposé aucune solution concrète.

Macron a déclaré que les forces politiques françaises doivent "apprendre collectivement à gouverner et à légiférer différemment" en construisant "des compromis, des ajouts et des amendements mais en toute transparence, dans l'intérêt de l'unité nationale".

Il a indiqué deux voies possibles - soit un accord formel de gouvernement de coalition avec un autre parti, soit en "créant des majorités projet de loi par projet de loi" au parlement.

- 'Dos au mur' -

Les principaux groupes parlementaires d'opposition, triomphants après avoir bouleversé le parti du président, ne semblaient cependant pas d'humeur à aider Macron.

"C'est lui le dos au mur, pas nous", a déclaré la députée socialiste Valérie Rabault, dont le parti fait partie de la nouvelle alliance de gauche NUPES qui a connu une augmentation surprise des voix.

"S'il essaie de faire passer son programme sans majorité absolue, il sera bloqué", a-t-elle déclaré.

"Il sera chargé de paralyser la France."

Elle a réclamé une "correction de cap" de la part du gouvernement, notamment en faveur d'un salaire minimum plus élevé et de mesures pour compenser la hausse du coût de la vie.

Le parti conservateur Les Républicains (LR), considéré par beaucoup comme l'allié potentiel le plus approprié de Macron, a quant à lui rejeté tout accord de coalition formel, le chef de LR au Sénat Bruno Retailleau déclarant qu'il examinerait les politiques de Macron au "cas par cas".

"Il n'y aura pas de chèque en blanc, d'autant plus que ses projets sont si peu clairs", a ajouté Olivier Marleix, qui vient de devenir chef du groupe parlementaire du parti.

Le président par intérim du parti RN d'extrême droite de Marine Le Pen, Jordan Bardella, a déclaré qu'il appartenait à Macron de "faire le premier pas" en disant à l'opposition quelles politiques il était prêt à reculer en échange de leur soutien.

Le centriste vétéran et allié de Macron, François Bayrou, a averti quant à lui que le "business as usual" n'était pas une option sans mandat des électeurs si Macron voulait éviter de nouveaux "incidents électoraux".

Macron a sondé les leaders de l'opposition, dont Marine Le Pen

Plus tôt cette semaine, Macron avait sondé les chefs de l'opposition à l'Elysée, rencontrant Le Pen mardi, tandis que le chef de l'alliance NUPES, l'extrême gauche Jean-Luc Melenchon, avait envoyé le député Adrien Quatennens pour le représenter.

Malgré peu de progrès évidents, Macron a déclaré mercredi que l'opposition était prête "à avancer sur des sujets majeurs" comme le coût de la vie, l'emploi, l'énergie, le climat et la santé".

- "Pas d'ultimatum"

Macron, qui participe à un sommet de l'UE à Bruxelles jeudi et vendredi, à un sommet du G7 en Allemagne à partir de dimanche et à un sommet de l'OTAN à Madrid à partir de mardi, dans son allocution télévisée a semblé donner à l'opposition un délai de 48 heures pour clarifier ses positions. .

Mais interrogée jeudi sur l'ultimatum apparent, la porte-parole du gouvernement Olivia Gregoire a insisté sur le fait qu'il n'y avait pas de tel délai.

"Permettez-moi d'être très claire ce matin", a-t-elle déclaré à la radio FranceInfo. "Il n'y a pas d'ultimatum, et pas question de 48 heures."

Au lieu de cela, les négociations pourraient prendre « plusieurs jours, peut-être même plusieurs semaines, mais certainement pas 48 heures », a-t-elle déclaré.

"Le président tend la main à tous ceux qui veulent que le pays avance", a-t-elle déclaré.

Les pourparlers commenceraient dès le retour de Macron du siège de l'UE, a-t-elle déclaré.

"Nous ouvrons des négociations, c'est le début d'un consensus et d'un compromis", a-t-elle déclaré.

"Un ultimatum serait la fin."

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