Le parti du président français Emmanuel Macron a perdu sa majorité absolue

Paris (AFP) - Le président français Emmanuel Macron s'est entretenu mardi avec les dirigeants de l'opposition pour sortir de l'impasse provoquée par son incapacité à obtenir la majorité aux élections législatives, après avoir rejeté une offre de démission du Premier ministre.

Macron a rencontré les chefs des partis de droite, socialiste et communiste à l'Elysée, y compris de rares entretiens avec la dirigeante d'extrême droite Marine Le Pen, alors qu'il cherche des solutions à une situation délicate qui risque de plonger son deuxième mandat dans la crise deux mois après son début.

Le spectre de la paralysie politique et la percée de l'extrême droite sous Le Pen ont également soulevé des questions sur le leadership de Macron en Europe alors qu'il cherche à conserver un rôle de premier plan dans la gestion de l'invasion russe de l'Ukraine.

L'Elysée a déclaré que la Première ministre française Elisabeth Borne, accusée par certains analystes d'avoir mené une campagne terne, avait proposé sa démission à Macron mais que le chef de l'Etat l'a refusée.

Macron estime que le gouvernement doit "rester sur sa tâche et agir" et le président cherchera désormais des "solutions constructives" à l'impasse politique dans les pourparlers avec les partis d'opposition, a déclaré un responsable présidentiel.

Macron a entamé la vague de discussions de mardi en s'entretenant avec Christian Jacob, le chef de la droite traditionnelle les Républicains

Macron a entamé mardi la vague de discussions en s'entretenant avec Christian Jacob, chef de la droite traditionnelle Les Républicains (LR), parti sur le déclin ces derniers mois mais qui pourrait désormais être courtisé par le président pour lui donner la majorité.

- 'Pas question de pacte' -

Les options qui s'offrent à Macron vont de la recherche de la formation d'une nouvelle alliance de coalition à l'adoption d'une législation basée sur des accords ad hoc ou même à la convocation de nouvelles élections.

Marine Le Pen avec Emmanuel Macron après leurs entretiens à l'Elysée présidentielle

Une option serait une alliance avec les républicains, qui ont 61 députés.

Mais Jacob après les pourparlers a semblé fermer la porte à une telle solution. "J'ai dit au président qu'il n'était pas question d'entrer dans ce qui pourrait être considéré comme une trahison envers nos électeurs".

"Nous resterons dans l'opposition", a-t-il ajouté, tout en jurant que son parti ne bloquerait pas le travail des institutions.

Macron avait espéré marquer son deuxième mandat en tant que président avec un programme ambitieux de réductions d'impôts, de réforme de la protection sociale et de relèvement de l'âge de la retraite. Tout cela est désormais remis en question.

« Que peut-il (Macron) faire maintenant ? titrait le quotidien Le Parisien. « Macron dans une impasse », disait Le Figaro.

Bien qu'il ait promis une nouvelle méthode politique après sa victoire à l'élection présidentielle d'avril, Macron est resté typiquement distant et n'a fait aucun commentaire public sur les résultats des élections législatives.

Le quotidien Le Monde a qualifié cela de grande hésitation de Macron », affirmant que le président n'était pas pressé d'élaborer sa stratégie post-électorale.

Alors que la coalition Ensemble (Ensemble) de Macron reste le plus grand parti au parlement après les élections à l'Assemblée nationale de dimanche, il lui manque des dizaines de sièges pour conserver la majorité absolue dont elle jouit depuis cinq ans.

L'alliance de gauche NUPES est devenue la principale force d'opposition, mais la coalition des socialistes, des communistes, des verts et de France insoumise fait face à une lutte difficile pour conserver son unité.

- 'Attendre que les fruits tombent' -

La Première ministre Elisabeth Borne pourrait devenir la cible d'une première motion de censure

Jean-Luc Mélenchon, le chef de France insoumise qui a orchestré l'alliance NUPES, a proposé lundi d'en faire un bloc de gauche permanent mais l'offre a été immédiatement rejetée par les trois autres partis NUPES.

Dans un camouflet au président, on pense que Melenchon envoie des représentants à l'Elysée pour discuter avec Macron mercredi plutôt que d'y aller lui-même.

"Je n'ai ni chaud ni froid" sur le maintien au pouvoir de Borne, a déclaré Melenchon, dont le parti s'est engagé à déposer une motion de censure contre le Premier ministre début juillet.

« Il ne me reste plus qu'à attendre que les fruits tombent de l'arbre. Cette femme n'a aucune légitimité. Zéro. C'est une démocratie, pas une monarchie », a-t-il ajouté.

Le dirigeant socialiste Olivier Faure, dont le parti fait partie de la NUPES, a adopté une position plus conciliante après sa rencontre avec Macron, affirmant que son parti est prêt à aller de l'avant avec le gouvernement s'il prend des mesures sur la question clé du pouvoir d'achat.

L'extrême droite sous Le Pen a affiché la meilleure performance législative de son histoire, devenant le parti d'opposition unique le plus fort avec 89 sièges, contre huit dans la chambre sortante.

Le Pen a déclaré que changer de Premier ministre « ne changerait pas grand-chose », exhortant Macron à « écouter ce que les électeurs français ont dit ».

Même si Borne doit rester à son poste pour l'instant, un remaniement du cabinet se profile à l'horizon après que les ministres de la Santé, de l'Environnement et des Maritimes n'ont pas réussi à remporter des sièges aux élections et vont maintenant démissionner.

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