Le vote sera décisif pour l'agenda du second mandat du président français après sa réélection en avril

Paris (AFP) - La France a commencé à voter dimanche lors du dernier tour des élections législatives, la coalition centriste du président Emmanuel Macron cherchant à repousser le défi d'une alliance de gauche nouvellement formée.

À près de 19% à midi selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, le taux de participation était légèrement supérieur à celui du premier tour de scrutin de la semaine dernière, bien que les prévisionnistes suggèrent que la participation restera inférieure à 50% au moment où tous les bureaux de vote fermeront à 20h00 (18h00 GMT). .

Le vote sera décisif pour le programme du second mandat de Macron après sa réélection en avril, l'homme de 44 ans ayant besoin d'une majorité pour faire passer les réductions d'impôts et la réforme de l'aide sociale promises et relever l'âge de la retraite.

Les projections des sociétés de sondage suggèrent que sa coalition «Ensemble» est en passe d'être le plus grand parti de la prochaine Assemblée nationale, mais peut-être en deçà des 289 sièges nécessaires pour une majorité.

La nouvelle coalition de gauche NUPES espère créer la surprise, le collectif rouge-vert promettant de bloquer l'agenda de Macron après s'être uni derrière la figure de proue de 70 ans Jean-Luc Melenchon.

"Le vote est extrêmement ouvert et il serait inapproprié de dire que les choses sont réglées d'une manière ou d'une autre", a déclaré Melenchon aux journalistes vendredi lors d'une dernière étape de campagne à Paris.

La dirigeante d'extrême droite Marine Le Pen vise également des gains importants pour son parti du Rassemblement national, qui n'avait que huit sièges au parlement sortant.

Macron a été déçu le week-end dernier après que le premier tour ait placé Ensemble et NUPES au coude à coude à environ 26 %.

L'inflation galopante, la campagne terne de la première ministre nouvellement nommée Elisabeth Borne et la personnalité abrasive de Macron ont tous été blâmés pour la sous-performance.

"Je ne crois vraiment pas que nous obtiendrons une majorité absolue", a déclaré à l'AFP un ministre inquiet la semaine dernière.

Le vote du premier tour a servi à réduire les candidats dans la plupart des 577 circonscriptions du pays à deux finalistes qui s'affrontent dimanche.

L'élection couronne une séquence intense de deux mois pour élire un nouveau président et un nouveau parlement, la fatigue des électeurs étant considérée comme l'une des raisons de ce qui devrait être un taux de participation record dimanche.

Certaines parties de la France restent également sous une vague de chaleur féroce qui a atteint son apogée samedi mais pourrait encore garder les électeurs chez eux.

- 'Désordre français?' -

La compétition entre Together et NUPES est devenue de plus en plus amère au cours de la semaine dernière, les alliés de Macron cherchant à présenter leurs principaux adversaires comme de dangereux extrémistes de gauche.

Le député Christophe Castaner a accusé Melenchon de vouloir une "révolution soviétique", tandis que le ministre de l'Economie Bruno Le Maire l'a qualifié de "Chavez français" en référence au défunt autocrate vénézuélien Hugo Chavez.

Le calomnie politique a rebuté certains électeurs.

« Entre les deux tours, j'ai trouvé vraiment décevant de voir comment certaines personnes ont dit des choses innommables sur leurs adversaires », a déclaré Marie-Noelle, 67 ans, dans un bureau de vote à Lyon.

La nouvelle coalition de gauche NUPES espère créer la surprise, le collectif rouge-vert promettant de bloquer l'agenda de Macron

Macron s'est rendu en Ukraine la semaine dernière, dans l'espoir de rappeler aux électeurs ses références en matière de politique étrangère et l'une des faiblesses perçues de Melenchon – ses opinions anti-OTAN et anti-UE en temps de guerre en Europe.

« Nous avons besoin d'une majorité solide pour assurer l'ordre à l'extérieur et à l'intérieur de nos frontières. Rien ne serait pire que d'ajouter le désordre français au désordre mondial », a déclaré Macron.

En tant que président, il conserverait le contrôle de la politique étrangère et de défense quel que soit le résultat, mais son programme national pourrait être contrecarré.

Melenchon a promis une rupture avec « 30 ans de néolibéralisme » – c'est-à-dire le capitalisme de marché libre – et a promis des hausses du salaire minimum et des dépenses publiques, ainsi que des nationalisations.

Cela fait 20 ans que la France n'a pas eu de président et de premier ministre de différents partis, lorsque l'ailier droit Jacques Chirac a dû travailler avec un parlement dominé par les socialistes sous le premier ministre Lionel Jospin.

- Clé d'aiguillage -

Une dernière vague de sondages vendredi a suggéré que les alliés de Macron étaient sur la bonne voie pour 255 à 305 sièges dimanche, seule la partie supérieure de cette fourchette étant majoritaire à plus de 289.

Le NUPES obtiendrait environ 140 à 200 sièges, ce qui en ferait la plus grande force d'opposition, tandis que le Rassemblement national de Le Pen obtiendrait environ 20 à 45 sièges.

S'ils obtiennent plus de 15 sièges, les députés de Le Pen pourraient former un groupe formel au parlement, leur donnant plus de visibilité et de ressources.

Mais après avoir obtenu 41,5% lors de l'élection présidentielle d'avril, Le Pen a encore du mal à convertir son énorme audience nationale en une représentation majeure au parlement.

Les observateurs surveilleront de près les chiffres de la participation après un niveau historiquement bas la semaine dernière de seulement 47,5 %.

Les trois sondages – d'Elabe, d'Ifop-Fiducial et d'Ipsos – ont suggéré que le taux de participation dimanche serait de 44 à 47 %.

Une participation plus élevée que prévu favoriserait très probablement le NUPES, qui mise sur le vote des jeunes et des classes populaires.

Dans l'île française des Caraïbes de la Guadeloupe – où le scrutin a lieu un jour plus tôt – Justine Bénin a été battue par le candidat du NUPES Christian Baptiste samedi, une défaite qui met en péril son rôle au sein du gouvernement en tant que secrétaire d'État à la Mer.

Un remaniement gouvernemental est attendu après les élections.

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