Le président Emmanuel Macron a entamé les commémorations au stade où les attentats ont débuté il y a dix ans.

Paris (AFP) - Le président français Emmanuel Macron a entamé jeudi une journée de commémorations, dix ans après le pire attentat qu'ait connu la France, en commençant par le premier site visé, le Stade de France, situé juste à l'extérieur de Paris.

Macron était accompagné de son épouse, Brigitte Macron, et d'autres personnalités politiques de haut rang, dont l'ancien président François Hollande, qui se trouvait dans le stade au moment où l'attaque a commencé.

« La douleur persiste », a écrit le président sur X.

« Par solidarité, pour les vies perdues, les blessés, les familles et les proches, la France se souvient. »

Des djihadistes ont tué 130 personnes lors de fusillades et d'attentats-suicides perpétrés à Paris et dans ses environs dans la nuit du 13 novembre 2015, le groupe État islamique ayant revendiqué ces attaques.

Les assaillants ont tué environ 90 personnes à la salle de concert du Bataclan, où se produisait le groupe américain Eagles of Death Metal.

Ils ont ôté la vie à des dizaines d'autres personnes dans des restaurants et cafés parisiens, et à une personne près du Stade de France, où les spectateurs assistaient au match France-Allemagne.

« Rien ne justifie le terrorisme » : des personnes ont déposé des fleurs sur une place du centre de Paris

Macron devait se rendre sur tous les lieux des attentats, avant de présider une cérémonie du souvenir dans un jardin commémoratif du centre de Paris.

Le seul survivant de la cellule djihadiste de dix personnes qui a perpétré les attentats, Salah Abdeslam, âgé de 36 ans, purge une peine de prison à perpétuité. Les neuf autres assaillants se sont fait exploser ou ont été tués par la police.

« La France a su rester unie au fil des années et surmonter toutes les difficultés », a déclaré Hollande à l’AFP lors d’une récente interview.

L’ancien président a été évacué de la foule au Stade de France avant de réapparaître à la télévision nationale plus tard dans la soirée, qualifiant ce qui s’était passé d’« horreur ».

Il a déclaré la France « en guerre » contre les djihadistes et leur califat autoproclamé, qui s'étendait alors sur la Syrie et l'Irak.

- « Justice réparatrice » ?

Hollande a témoigné lors du procès de 148 jours qui a conduit à la condamnation à perpétuité d'Abdeslam en 2022.

Dix ans après les attentats de Paris : 132 morts et plus de 350 blessés

Il a déclaré se souvenir avoir dit aux accusés, parmi lesquels figuraient également des suspects accusés de complot ou de soutien logistique, qu'ils avaient bénéficié d'avocats de la défense malgré le fait qu'ils aient commis « l'impardonnable ».

« Nous sommes une démocratie, et la démocratie finit toujours par triompher », leur aurait-il dit.

En 2019, les forces soutenues par les États-Unis ont vaincu dans l'est de la Syrie les derniers vestiges du proto-État de l'EI qui a inspiré les attentats de Paris.

Abdeslam reste derrière les barreaux et est ouvert à l'idée de parler aux victimes des attentats si elles souhaitent participer à une initiative de « justice réparatrice », selon son avocate Olivia Ronen.

À Paris, les survivants et les proches des victimes ont tenté de reconstruire leur vie.

Le Bataclan quelques instants avant que des djihadistes ne fassent irruption armés de fusils d'assaut.

Eva, qui a demandé à ce que son nom de famille ne soit pas utilisé, a été amputée sous le genou après avoir été blessée lors de l'attaque djihadiste d'un café appelé La Belle Équipe, qui a fait 21 morts.

Depuis, elle est retournée sur les nombreuses terrasses des cafés de la capitale, mais elle a déclaré qu'elle ne tournerait « plus jamais » le dos à la rue.

Les noms des personnes tuées, ainsi que ceux de deux personnes qui se sont suicidées après les attentats, ont été inscrits sur des plaques commémoratives à travers Paris.

- Appréhension -

Un musée sert à préserver leur mémoire.

Le Musée mémorial du terrorisme, dont l'ouverture est prévue en 2029, abritera environ 500 objets liés aux attentats ou à leurs victimes, la plupart offerts aux conservateurs par les familles endeuillées.

La collection comprend un billet de concert offert par une mère qui a perdu sa fille unique au Bataclan, et la guitare inachevée d'un luthier qui a également péri lors de ce concert.

Des djihadistes ont attaqué des restaurants et des cafés parisiens, dont « Le Carillon ».

On y trouve également un menu à la craie de La Belle Équipe, criblé de balles, portant encore la mention « Happy Hour ».

Les événements de cette soirée d'automne ont également été immortalisés dans des livres et des scénarios.

Mais certains survivants et proches des victimes ont abordé les hommages avec appréhension.

Hugo, le fils de Stéphane Sarrade, âgé de 23 ans, a été tué au Bataclan, un lieu qu'il évite depuis.

« Je suis incapable d'y aller », a-t-il déclaré à l'AFP, ajoutant qu'il ne participerait pas aux cérémonies de jeudi.

Nadia Mondeguer, dont la fille Lamia a été tuée à l'âge de 30 ans à La Belle Équipe, a déclaré qu'elle était partagée quant à la commémoration du 10e anniversaire.

« J’ai l’impression d’avoir de la fièvre qui monte… l’adrénaline recommence à monter », a déclaré Mondeguer.

Elle a déclaré avoir le sentiment, comme d'autres victimes, d'avoir été incluses dans les cérémonies officielles en tant que simples « spectatrices ».

Mais elle a dit qu'elle irait quand même à une cérémonie à La Belle Équipe pour voir d'autres membres de sa famille.

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