La France a maintenu une importante présence policière, car moins d'incidents ont été signalés

Paris (AFP) - Le président français Emmanuel Macron a rencontré mardi des centaines de responsables français pour commencer à explorer les "raisons plus profondes" de la plongée du pays dans les émeutes après le meurtre d'un adolescent par un policier lors d'un contrôle routier.

La réunion à l'Elysée à Paris avec plus de 300 maires, dont les municipalités ont subi des dommages au cours d'une semaine de violences, est intervenue après que les autorités ont fait état d'une nuit beaucoup plus calme à travers le pays.

« Est-ce un retour permanent au calme ? Je serai prudent, mais le pic que nous avons vu les jours précédents est passé », a déclaré Macron, selon un participant.

Le gouvernement a lutté contre les émeutes et les pillages depuis que Nahel M., 17 ans, a été tuée par un officier lors d'un contrôle routier le 27 juin dans une banlieue parisienne, ravivant les accusations de longue date de racisme systémique parmi les forces de sécurité.

Macron a tenu une réunion avec environ 300 maires dont les municipalités ont subi des dommages au cours d'une semaine de violences

La violence nocturne dans les villes françaises a diminué de moitié en 24 heures, a indiqué le ministère de l'Intérieur, avec 72 personnes arrêtées dans tout le pays.

Le ministère a déclaré que des dizaines de bâtiments avaient été endommagés – dont des attaques contre quatre bureaux de police ou de gendarmerie – mais qu'il n'y avait pas eu de blessés.

Plus de 150 véhicules ont également été incendiés et des centaines d'incendies se sont déclarés dans des poubelles ou d'autres lieux publics.

La mobilisation policière accrue s'est maintenue à 45 000 dans toute la France, comme les deux nuits précédentes.

- 'Un travail minutieux de longue haleine' -

Bilan des violences en France après que la police a abattu Nahel M., 17 ans, lors d'un contrôle routier le 27 juin

Lors de la réunion des maires, Macron espérait "entamer le travail minutieux et de longue haleine nécessaire pour comprendre les raisons profondes qui ont conduit à ces événements", a déclaré un responsable du bureau du président.

Mais alors que les responsables de droite et de gauche se pointaient du doigt et que chaque camp insistait sur ses propres solutions, le président centriste a déclaré à la fin de la réunion qu'ils n'avaient pas réussi à trouver "l'unanimité".

Son gouvernement "parviendrait à des solutions très concrètes" au cours de l'été, a-t-il ajouté, affirmant que "nous devons frapper pendant que le fer est chaud".

Mais Zartoshte Bakhtiari, maire de Neuilly-sur-Marne à l'est de Paris, a déclaré : « Je suis venu entendre le président nous donner une vision, fixer un cap. Je ne suis pas venu pour une séance de thérapie de groupe ».

Près de 4 000 interpellations ont été effectuées depuis vendredi, dont plus de 1 200 mineurs, selon les chiffres du ministère de la Justice.

Macron a évoqué l'idée d'amendes immédiates pour les parents d'enfants pris pour vandalisme ou vols.

"Avec le premier crime, il faut trouver un moyen de sanctionner financièrement et facilement les familles", a-t-il dit, selon des propos rapportés par le journal Parisien.

Lors de la réunion avec les maires, Macron a également promis d'accélérer une nouvelle loi permettant une assistance rapide à la reconstruction des bâtiments endommagés, des espaces publics et des infrastructures de transport vandalisées.

- 'Tout détruit' -

Pendant ce temps, les entreprises françaises comptaient le coût de sept nuits d'émeutes qui ont laissé d'innombrables magasins et autres points de vente vandalisés.

"Ils ont tout détruit", a déclaré Alexandre Manchon, qui travaille dans un bureau de tabac de la ville méridionale de Marseille, qui a connu certains des pires pillages.

"Rien de tout cela ne vient de nous, nous ne sommes que des travailleurs qui se lèvent à cinq heures du matin pour pouvoir nourrir nos enfants et nos familles", a-t-il déclaré à l'AFP.

De nombreux magasins ont été détruits lors des émeutes

Les organisations patronales ont appelé le gouvernement à créer un fonds d'urgence « pour ceux qui ont tout perdu ».

Le ministre des Finances, Bruno Le Maire, a déclaré mardi que le gouvernement pourrait autoriser les entreprises endommagées à suspendre les paiements d'impôts et de sécurité sociale pendant leur reconstruction.

Mais il a déclaré que les émeutes n'affecteraient pas la capacité de la France à attirer des entreprises ou des touristes, alors que le pays se prépare à accueillir les Jeux olympiques d'été l'année prochaine.

« L'économie française est solide… et le quotidien de tous les citoyens français n'est pas menacé par ce qui s'est passé. Et nous revenons à une situation plus calme après quatre ou cinq jours d'émeutes », a-t-il déclaré à la télévision CNN.

La police a indiqué que l'un des passagers de la voiture conduite par Nahel M., qui s'était rendu, avait été interrogé pour déterminer les circonstances exactes de la fusillade.

Le policier qui a tiré le coup de feu mortel est resté en garde à vue mardi, inculpé d'homicide.

Une collecte en ligne pour la famille de l'homme de 38 ans, lancée par la figure d'extrême droite Jean Messiha, a recueilli plus de 1,5 million d'euros (1,6 million de dollars), suscitant l'indignation notamment au sein de la gauche politique.

Messiha a déclaré sur les réseaux sociaux qu'il fermait la collecte mardi à minuit, tandis que la famille de Nahel M. a déclaré qu'elle avait déposé une plainte légale pour la collecte de fonds.

"C'est payant de tuer un jeune Arabe", a tweeté Manon Aubry, députée européenne du parti d'extrême gauche La France insoumise (LFI).

Un fonds pour soutenir la famille de Nahel a couru à un peu moins de 346 000 euros.

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