Le président français Emmanuel Macron veut faire passer la réforme des retraites d'ici le milieu de l'année prochaine

Paris (AFP) - Le gouvernement français s'est engagé jeudi à faire adopter la réforme des retraites d'ici la fin de l'hiver malgré une opposition farouche des syndicats dont la première grande journée de grève n'a pas eu beaucoup d'impact.

Une journée nationale d'arrêts de travail convoquée par le syndicat CGT jeudi – la première depuis la réélection du président Emmanuel Macron en avril – a provoqué quelques perturbations, mais n'a pas été largement suivie.

Plusieurs syndicats, dont le plus grand du pays, n'y ont pas participé, bien qu'ils se préparent tous à une bataille de plusieurs mois sur les efforts visant à relever l'âge de la retraite.

Macron a fait du relèvement de l'âge de la retraite de son niveau actuel de 62 ans l'un des éléments clés de sa campagne de réélection, arguant que le système actuel était insoutenable et trop coûteux.

« Tous les syndicats en France sont contre le fait de travailler jusqu'à 64 ou 65 ans. Parce que c'est stupide", a déclaré le chef du syndicat CGT, Philippe Martinez, à France 2.

Les partis politiques de gauche ont convoqué leurs propres rassemblements le 16 octobre pour exiger des augmentations de salaire et la fin des modifications prévues des retraites.

Bien que connue pour être pressée de faire passer les changements, la Première ministre de Macron, Elisabeth Borne, a annoncé jeudi que le gouvernement passerait encore quelques mois en consultations.

"Il y a des questions importantes sur lesquelles nous voulons ouvrir des discussions" avec d'autres partis politiques, syndicats et groupes patronaux, a déclaré Borne à l'AFP.

« Nous partons du postulat que nous pourrons dialoguer », a-t-elle ajouté.

Un projet de loi serait voté "avant la fin de l'hiver", a-t-elle promis.

- De nouvelles élections ? -

Avec des déficits en spirale et une dette publique à des niveaux historiques, Macron considère le recul de l'âge de la retraite comme l'un des seuls moyens pour l'État d'augmenter ses recettes sans augmenter les impôts.

Mais son parti centriste a perdu sa majorité au parlement en juin, compromettant gravement sa capacité à apporter des changements.

"Si le président insiste pour déclarer une guerre sociale au peuple, nous répondrons avec tous les moyens dont nous disposons", a averti mercredi la chef de file parlementaire du parti d'extrême gauche La France insoumise (LFI), Mathilde Panot.

Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a déclaré que le chef de l'Etat, âgé de 44 ans, n'hésiterait pas à convoquer de nouvelles élections si les partis d'opposition rejetaient le gouvernement sur la réforme.

"Si toute l'opposition se rassemble pour adopter un vote de censure et renverser le gouvernement, il (Macron) laissera les Français décider et dire quelle sorte de majorité ils veulent", a déclaré Dussopt à la chaîne LCI.

Aucun parti d'opposition ne s'est jusqu'à présent engagé à soutenir le gouvernement centriste minoritaire, mais le parti conservateur des républicains pourrait encore être convaincu, selon les observateurs.

- Arrêts -

La grève de jeudi a été suivie par environ un enseignant sur dix, selon le ministère de l'Éducation, entraînant la fermeture d'écoles dans certaines régions.

Un cheminot sur trois a également arrêté le travail, selon la CGT, entraînant d'importantes annulations sur des axes clés dont Paris-Bordeaux.

La plus grande des quelque 200 manifestations à l'échelle nationale devrait attirer 3 000 à 6 000 personnes à Paris jeudi après-midi, selon une source policière.

Environ 4 300 personnes ont défilé dans la ville méridionale de Marseille.

Les grèves et les manifestations étaient petites par rapport aux normes françaises historiques et même la dernière série de manifestations contre la réforme des retraites en 2019.

Des centaines de milliers de personnes ont défilé en 2019 et une grève de quatre semaines dans les transports parisiens a paralysé le système de métro dans ce qui a été le plus long arrêt depuis des décennies.

"Je ne connais personne qui souhaite travailler plus longtemps, mais je ne connais personne qui pense qu'il ne va pas travailler plus longtemps", a déclaré la semaine dernière à l'AFP un ministre proche du président sous couvert d'anonymat.

"Peut-être que je me trompe, mais je ne suis pas sûr que la participation soit aussi importante que l'espèrent les syndicats et LFI", a déclaré le ministre à propos de la journée d'action de jeudi.

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