Les partisans du Rassemblement national d'extrême droite font pression pour une victoire absolue, mais les sondages d'opinion suggèrent que leur parti n'y parviendra que de justesse.

Paris (AFP) - La France se prépare samedi à ses élections législatives les plus importantes de ces dernières années, les habitants des territoires d'outre-mer ouvrant le vote pour un scrutin qui devrait donner à l'extrême droite sa plus forte présence jamais enregistrée au Parlement.

Une dernière journée de pause traditionnelle a été observée samedi avant le second tour de dimanche après une campagne frénétique qui a vu les tensions monter à travers le pays et des dizaines d'attaques contre des candidats.

Soulignant l'empreinte mondiale de la France qui s'étend sur les océans du monde, la première région française à voter a été Saint-Pierre-et-Miquelon, un petit archipel français au large des côtes du Canada où les citoyens ont commencé à voter à partir de 10h00 GMT.

Ils devaient être suivis samedi par les habitants des territoires français des Caraïbes, dont la Martinique et la Guadeloupe, ainsi que la Guyane en Amérique du Sud.

Les territoires français du Pacifique viennent ensuite avant que les citoyens de France métropolitaine puissent voter à partir de 06h00 GMT dimanche.

Les bureaux de vote fermeront dimanche à 18h00 GMT, date à laquelle seront publiées les projections du nombre de sièges – considérées en France comme un indicateur fiable du résultat final.

- « Catastrophique » -

Les derniers sondages d'opinion publiés vendredi suggéraient que le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen ne parviendrait pas à obtenir la majorité absolue à l'Assemblée nationale.

Mais le pari du président Emmanuel Macron d'organiser des élections anticipées devrait prendre fin avec son alliance centriste disposant de la moitié du nombre de députés qu'elle avait auparavant.

Il doit maintenant affronter les trois dernières années de sa présidence sans majorité claire, et le Premier ministre Gabriel Attal tente peut-être de maintenir la cohésion d'un gouvernement intérimaire.

"Aujourd'hui le danger c'est une majorité dominée par l'extrême droite et ce serait catastrophique", a déclaré M. Attal dans une dernière interview pré-électorale à la télévision française vendredi.

Selon les instituts de sondage Ipsos et Ifop, le RN, anti-immigrés et eurosceptique, pourrait obtenir 170 à 210 sièges à l'Assemblée nationale, loin des 289 sièges, la majorité absolue.

La candidate d'extrême droite du RN, Marie-Caroline Le Pen, sœur de la candidate à la présidentielle Marine Le Pen, était en déplacement pour mobiliser des soutiens

Les électeurs français pourraient donc se coucher dimanche soir sans savoir qui serait en mesure de former et de diriger un gouvernement, ou si un Attal affaibli pourrait le remplacer.

Le Pen insiste sur le fait qu'elle est toujours en course pour la victoire et une majorité absolue qui forcerait Macron à nommer son lieutenant Jordan Bardella, 28 ans, au poste de Premier ministre.

Attal s'est engagé à rester en poste « aussi longtemps que nécessaire » dans un rôle intérimaire, tandis que le cabinet de Macron étudie les options pour maintenir une certaine forme de gouvernement.

- « Pas du tout garanti » -

Macron doit rester en fonction jusqu'aux élections présidentielles et législatives d'avril 2027, mais il doit désormais faire face à la possibilité de partager le pouvoir avec des adversaires politiques.

La perspective de voir la France former son premier gouvernement d'extrême droite depuis la Seconde Guerre mondiale a consterné ses alliés européens, déjà perplexes face au pari de Macron sur des élections anticipées.

La question de savoir qui sera à la tête du gouvernement français lorsque les Jeux olympiques débuteront à Paris le 26 juillet reste également en suspens.

Afin de tenter de stopper la montée de l'extrême droite observée au premier tour du scrutin du 30 juin, les partis centristes et de gauche ont conclu des pactes pour le second tour.

Le Pen a dénoncé cette démarche comme une tentative de voler la victoire « contre la volonté du peuple » en créant ce qu’elle appelle un « parti unique » pour protéger la classe politique.

Mais il est loin d'être certain que de nombreux électeurs qui ont vu leurs candidats préférés abandonner la course pour donner une chance à un autre face au RN se présenteront aux urnes dimanche, les personnalités anti-RN affirmant que rien ne doit être tenu pour acquis.

« Contrairement à ce que l'on entend tous, ce n'est pas du tout garanti à l'heure où l'on parle », a prévenu vendredi Raphaël Glucksmann, qui conduit la liste socialiste aux élections européennes.

Si le Rassemblement national remporte la majorité absolue au second tour de l'élection de dimanche, Jordan Bardella, 28 ans, formera le premier gouvernement d'extrême droite français depuis la Seconde Guerre mondiale.

Alors que l’issue de la rencontre est si incertaine, les tensions augmentent.

Plus de 50 candidats et militants de campagne ont été agressés physiquement au cours de la campagne de quatre semaines, la plus courte de l'histoire française moderne.

Environ 30 000 policiers, dont 5 000 à Paris, seront déployés ce week-end pour parer aux troubles.

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